Création de Klima, une start-up en consulting climatique auprès des entreprises
En s’appuyant sur des technologies développées à l’Institut Pierre-Simon Laplace, le projet de start-up Klima Consulting vise à créer une offre de conseils sur le climat et le changement climatique pour répondre aux besoins d’optimisation, dans les secteurs de l’aviation et des énergies renouvelables. Ce projet est soutenu par le programme RISE du CNRS.
Accompagner les entreprises à répondre au changement climatique, dans un contexte d’évolutions législatives et de prise de conscience sociétale ; c’est l’objectif du projet de start-up Klima, dédiée au consulting climatique à forte valeur ajoutée.
« L’ambition de Klima Consulting est de positionner la science au plus près des entreprises, pour lesquelles le climat et le changement climatique deviennent des enjeux majeurs ; au travers de conseils et de services climatiques, sur la base de notre expertise, des données et des outils développés à l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL1
) », résume Olivier Boucher, porteur du projet Klima et directeur de recherche CNRS à l’IPSL. Dans le cadre du lancement de son activité, la start-up se concentrera sur les domaines des énergies renouvelables et de l’aviation.
« Pour les énergies renouvelables, que ce soit l’éolien ou le solaire, la composante météorologique est très importante puisqu’elles sont intermittentes et dépendantes de la météo, explique le directeur de recherche. Il y a également une composante climatique dans la mesure où la production d’électricité peut changer avec le climat. De plus, au fur et à mesure que les énergies renouvelables pénètrent dans le mix énergétique, la problématique de l’intermittence devient plus prégnante et doit être gérée à tous les niveaux du système électrique. »
Ainsi, Klima accompagnera les entreprises sur ces aspects et leur fournira des méthodes d’optimisation pour mieux penser le design des installations d’énergies renouvelables. « Nos puissants outils informatiques permettent de prévoir l’énergie qui sera produite et, ainsi, de maximiser le gain économique en fonction des différentes contraintes d’une installation, telles que l’orientation des panneaux solaires, le stockage, la consommation, la puissance de connexion à la grille ou bien encore les variations de tarifs », détaille Olivier Boucher. À partir de tous ces facteurs, la start-up sera en mesure de trouver la meilleure configuration pour répondre aux besoins du client comme, par exemple, maximiser l’auto-consommation ou faire en sorte que l’auto-consommation ne nécessite pas trop de stockage.
Le service proposé par Klima peut ainsi être décliné à un grand nombre de marchés. Il pourra notamment intéresser l’opérateur souhaitant rendre sa ferme solaire le plus rentable possible, l’acheteur qui recherche de l’énergie renouvelable en continue, ou encore l’utilisateur local qui veut maximiser son auto-consommation, mais aussi les opérateurs de la grille électrique ou les investisseurs. Si Klima va d’abord être une entreprise de conseil, une évolution vers des services, qui permettraient de réfléchir à ces problématiques en amont, n’est pas exclue.
Au-delà du secteur des énergies renouvelables, Klima Consulting apportera son expertise au secteur de l’aviation, afin d’accompagner les entreprises dans la réduction de l’impact climatique des vols. « Alors que l’impact des émissions de CO2 sur le réchauffement climatique est bien connu, à Klima, nous nous intéressons également aux effets des émissions non-CO2, comme les trainées de condensation dont les dernières études ont démontré qu’elles réchauffaient le climat, et sur lesquelles il est possible d’agir rapidement et efficacement », relève Grégoire Dannet, chef de projet Sorbonne Université à l’IPSL, qui coordonne une action de recherche sur l’impact climatique de l’aviation et travaille avec Olivier Boucher sur le projet de start-up.
« Actuellement, les compagnies aériennes utilisent des algorithmes d’optimisation de trajectoire qui maximisent les profits, poursuit Grégoire Dannet. L’algorithme que nous avons développé permet, quant à lui, d’optimiser les trajectoires en prenant également en compte l’impact climatique du vol. »
Si les deux thématiques traitées par Klima - les énergies renouvelables et les trajectoires d’avions - peuvent sembler éloignées, elles ont beaucoup en commun. « Elles ont toutes les deux des composantes climatique et météorologique fortes - les trainées d’avions, par exemple, se forment ou pas selon la météorologie et sont donc variables d’un jour sur l’autre », décrypte Audran Borella, doctorant à l’IPSL et également futur associé de la start-up. Dans les deux cas, la connaissance et l’utilisation des données sur le changement climatique permettront à Klima de proposer des solutions optimales à court mais aussi à long terme. Aussi, ces solutions optimisées reposent sur les mêmes outils, développés à l’IPSL.
De plus, ces deux thématiques arrivent au carrefour d’une prise de conscience sociétale sur les sujets environnementaux, mais aussi des évolutions législatives en cours. Par exemple, à partir de 2025, les compagnies aériennes devront déclarer l’impact climatique de tous leurs vols intra-européens. Un autre exemple concernant les énergies renouvelables est l’obligation d’équiper les parkings de panneaux photovoltaïques. « Nous anticipons donc un besoin des entreprises aussi bien sur les énergies renouvelables que dans le secteur aérien », conclut Olivier Boucher.
Depuis l’été 2024, le projet Klima est soutenu par le programme RISE du CNRS, qui accompagne les scientifiques dans leurs projets de création de start-up visant à valoriser les technologies développées dans les laboratoires CNRS. L’objectif est désormais d’aboutir à la création de la start-up au printemps 2025. De futurs développements sont déjà projetés pour répondre aux besoins croissants de services climatiques dans d’autres secteurs industriels.
- 1L’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL – CEA/CNRS/Ecole des Ponts ParisTech/École polytechnique/IRD/Sorbonne Université/Université Paris-Saclay/UVSQ) est une fédération de recherche regroupant près d’une dizaine de laboratoires spécialisés sur le climat, les sciences de l’environnement et l’exploration du système solaire.