Un traitement prometteur pour lutter contre la maladie de Parkinson
Véritable enjeu de santé publique, la maladie de Parkinson reste aujourd’hui sans remède. Des chercheurs du laboratoire BioCIS à Orsay, en collaboration avec l’Institut du Cerveau à Paris, développent de nouvelles molécules capables de lutter contre les causes intrinsèques de cette maladie neurodégénérative.
Avec près de 10 millions de personnes touchées dans le monde et plus de 270 000 en France, la maladie de Parkinson est un véritable enjeu de santé publique, particulièrement au sein des populations âgées. Elle est causée par la mort d’un type bien précis de neurones du tronc cérébral, ce qui perturbe fortement les mouvements chez les patients. Actuellement, seuls les symptômes de la maladie sont pris en charge, car il n’existe aucun traitement pour empêcher la mort des neurones affectés. Bruno Figadère, directeur de recherche CNRS, et son équipe au laboratoire Biomolécules : conception, isolement, synthèse1 , en interaction étroite avec des collègues de l’Institut du Cerveau, développent de nouvelles molécules qui pourraient enfin répondre au besoin de traiter la maladie de Parkinson de manière curative, et empêcher la neurodégénérescence qui la caractérise.
Dans certains neurones responsables du contrôle du mouvement on sait que la double accumulation de fer et de dépôts d’une protéine spécifique, appelée alpha-synucléine, est très vraisemblablement à l’origine de la maladie de Parkinson. En effet, ces deux accumulations sont progressivement toxiques pour ces neurones et causent leur mort, ce qui ensuite perturbe fortement les capacités motrices des personnes atteintes.
L’un des composés ayant un potentiel thérapeutique prometteur pour lutter contre cette maladie est la doxycycline. Il s’agit d’un médicament antibiotique utilisé dans le traitement de certaines pathologies de la peau. « Ses effets contre la mort des neurones vulnérables sont très bien décrits dans la littérature scientifique. Mais comme il s’agit d’un antibiotique, un traitement à long terme est difficilement envisageable, car il sélectionnerait des bactéries résistantes et perturberait la flore microbienne des patients, entraînant une cascade d’effets secondaires. » prévient Bruno Figadère.
C’est là qu’intervient l’expertise chimique de l’équipe de scientifiques : « Modifier des substances est notre spécialité. Nous avons créé des dérivés de la doxycycline qui n’ont plus d’activité antibiotique, et nous testons actuellement ceux qui sont les plus efficaces pour neutraliser les mécanismes dégénératifs précités, à savoir l’accumulation de fer et de dépôts protéiques dans les cellules neuronales vulnérables s’enthousiasme Bruno Figadère. Mais ces recherches n’auraient pas été possibles sans les travaux des scientifiques de l’Institut du Cerveau, qui étudient très précisément les mécanismes à l’origine de la maladie. »
Ces travaux, lauréats du programme d’accélération NeurAL2 de l’Institut du Cerveau, sont le fruit de la rencontre entre ces deux équipes et de leurs synergies interdisciplinaires. L’équipe du BioCIS cherche actuellement de nouveaux soutiens financiers pour monter une start-up afin d’accélérer et intensifier le développement de leur candidat médicament. À terme, ces travaux pourraient ouvrir la voie à un traitement sur le long terme des causes de la maladie de Parkinson, permettant de neutraliser ses symptômes et ainsi restaurer une meilleure qualité de vie chez les personnes atteintes.
- 1BioCIS – CNRS/Université Paris-Saclay/CY Cergy Paris Université
- 2Le programme NeurAL – Neuroscience Acceleration Launchpad de l’Institut du Cerveau – fonctionne comme une rampe de lancement pour les projets d’entrepreneuriat innovants en neurosciences. Ce programme d’accélération de 12 mois valide des projets scientifiques parmi les plus prometteurs et leur permet de développer leurs modèles économiques afin d’aboutir à des stratégies d’entreprises solides.