Observation d’éléments métalliques provenant du chantier de Notre-Dame de Paris. © Cyril FRESILLON / IRAMAT / NIMBE / ArScAn / CEA / Chantier Scientifique Notre-Dame de Paris / Ministère de la culture / CNRS

Notre-Dame : première cathédrale gothique à avoir utilisé massivement le fer

Résultat scientifique Homme et société

Notre-Dame de Paris, première « Dame de fer » ? Le plus ancien emploi du métal pour la construction d’une cathédrale gothique vient d’être mis en évidence par les chercheurs et chercheuses du chantier scientifique Notre-Dame de Paris (CNRS/Ministère de la Culture)1 . Parmi les tonnes de métal mises au jour par l’incendie, l’équipe de recherche s’est intéressée en particulier aux milliers d’agrafes employées pour sceller ensemble les blocs de pierres à tous les niveaux de l’édifice. Beaucoup étaient inconnues jusqu’alors, dont une série d’agrafes découvertes au sommet des murs, sous la charpente incendiée.  Le chantier de restauration en cours de la cathédrale, conduit sous la maîtrise d’ouvrage de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage, avec les architectes en chef des monuments historiques, maîtres d’œuvre, a permis d’étudier douze agrafes. Prélevées, elles ont fait l’objet d’une analyse métallographique complète et d’une datation radiocarbone, rendue possible grâce à de nouvelles méthodologies développées par les scientifiques. Les résultats publiés dans PLOS One le 15 mars 2023 indiquent que les plus anciennes agrafes de fer de Notre-Dame datent des années 1160, c’est-à-dire au début du chantier de la cathédrale. Celles du sommet des murs remontent au début du XIIIe siècle, juste avant la pose de la seconde charpente médiévale. Toutes sont bien contemporaines de la construction de l’édifice. Grâce à ces découvertes, Notre-Dame est désormais incontestablement la première cathédrale gothique où le fer a été pensé comme un véritable matériau de construction pour créer une architecture inédite. Massivement utilisé pour lier les pierres, il accompagne l’édifice tout au long de son élévation. Cette innovation a eu lieu sur le chantier de Notre-Dame de Paris et s’est ensuite répandue sur d’autres édifices, comme à Chartres, Bourges et Beauvais.

Agrafe provenant du chantier de restauration de Notre-Dame de Paris
Agrafe provenant du chantier de restauration de Notre-Dame de Paris, après découpage pour préparer une analyse métallographique.
© Cyril FRESILLON / IRAMAT / NIMBE / ArScAn / CEA / Chantier Scientifique Notre-Dame de Paris / Ministère de la culture / CNRS
Observation d’éléments métalliques provenant du chantier de Notre-Dame de Paris.
Observation d’éléments métalliques provenant du chantier de Notre-Dame de Paris.
© Cyril FRESILLON / IRAMAT / NIMBE / ArScAn / CEA / Chantier Scientifique Notre-Dame de Paris / Ministère de la culture / CNRS

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  • 1Les scientifiques travaillent au laboratoire Archéologie et sciences de l’Antiquité (CNRS/MC/Université Panthéon-Sorbonne/Université Paris Nanterre), au Centre de recherche sur la conservation (CNRS/MC/MNHN), au Laboratoire de mesure du carbone 14 , un instrument national dépendant du CNRS, du CEA, de l’IRD, de l’IRSN et du MC, qui est géré par le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CNRS/CEA/UVSQ), à l’Institut de chimie et des matériaux Paris-Est (CNRS/Université Paris-Est Créteil), à l’Institut de recherche sur les archéomatériaux (CNRS/Université d’Orléans) et au laboratoire Nanosciences et innovation pour les matériaux, la biomédecine et l'énergie (CNRS/CEA).

Bibliographie

Notre-Dame de Paris: the first iron lady? Archaeometallurgical study and dating of the Parisian cathedral iron reinforcements. Maxime L’Héritier, Aurélia Azéma, Delphine Syvilay, Emmanuelle Delqué-Kolic, Lucile Beck, Ivan Guillot, Mathilde Bernard et Philippe Dillmann. PLOS One, le 15 mars 2023.