15 ans d’observation de l’océan Atlantique Sud pour prévoir le climat de demain

Résultat scientifique Terre et environnement

Grâce au vaste réseau d'observations SAMOC1 (South Atlantic Meridional Overturning Circulation), des scientifiques (voir encadré) ont fourni la preuve que l'océan Atlantique Sud se réchauffe, et cela, à toutes les profondeurs.

Le système global de courants interconnectant l'Atlantique Nord au reste de l'océan mondial, connu sous le nom de "Atlantic Meridional Overturning Circulation" (AMOC), est très efficace pour absorber, stocker et redistribuer la chaleur, le sel, le carbone et l'oxygène autour du globe. Il contribue à réguler la chaleur anthropique et le stockage du carbone de la surface vers les profondeurs océaniques, ce qui module les impacts régionaux du changement climatique. Mais les variations de son intensité, prévues dans un avenir proche peuvent également avoir des impacts sociétaux très directs sur le niveau des mers côtières, les vagues de chaleur marines, les événements météorologiques extrêmes ainsi que sur les régimes de temps régionaux. L'Atlantique Sud joue un rôle unique dans cette circulation, car il est le seul bassin océanique avec un transport de chaleur net vers l'équateur et le seul canal reliant l'AMOC au reste de l'océan mondial. Il reçoit et transforme les eaux des océans Pacifique et Indien, régulant la météo régionale et les propriétés thermiques, salines et chimiques transférées vers l'hémisphère nord.

Les résultats de l’étude montrent que l’océan Atlantique Sud se réchauffe à toutes les profondeurs, devient plus salé dans les premiers 800 m de profondeur, puis que sa salinité diminue jusqu’aux abysses. Des études récentes suggèrent qu'une réduction de l’intensité de l'AMOC est liée à ce réchauffement et à la salinisation de la surface de l'Atlantique Sud que l’on observe depuis 15 ans. Étant donné les importants impacts sociétaux que les changements observés sont susceptibles de déclencher dans l'Atlantique et dans les pays limitrophes, la poursuite de la surveillance, la production de données d’observation, des prédictions plus précises et des progrès dans la compréhension générale du système de cette région restent une priorité pour la communauté scientifique internationale.

  • 1Ces quinze dernières années marquent l’anniversaire d'une importante coordination internationale pour la mise en œuvre d'un réseau d'observations ad hoc dans la région du South Atlantic Meridional Overturning Circulation (SAMOC). Sabrina Speich du LMD a contribué à mettre en place une partie du système d'observation internationale SAMOC avec des co-auteurs de six pays (Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Brésil, France et États-Unis), dont Maria Paz Chidichimo de l’IFAECI, première auteur de l’article.

Laboratoires CNRS impliqués

  • Laboratoire de météorologie dynamique (LMD -ECCETERRA)

Tutelles : CNRS/ENS PSL/École polytechnique/Sorbonne Université

  • Institut Franco-Argentin pour les études du climat et ses impacts (IFAECI)

Tutelles : CNRS/ Univ. Buenos Aires/IRD /CONICET

15 ans d’observation de l’océan Atlantique Sud pour prévoir le climat de demain
Schéma des courants de surface (rouge), intermédiaires (jaune), profondes (bleu) et abyssales (violet) et la topographie du fond (ombrage bleu). Les lignes blanches pointillés indiquent les latitudes nominales des 5 réseaux d’observation de l'AMOC. © Figure reproduite de Chidichimo et al. (2023)
Schéma du système d'observation SAMOC
Schéma du système d'observation SAMOC. En jaune sont tracés les sections où sont déployés des mouillages mesurant les courants et leurs propriétés en continu (SAMBA, TRACOS, SAGA, MOVE, et RAPID/ MOCHA/WBTS). Le long des autres sections (GoodHope, cDrake, etc), les observations sont effectuées et répétées par des navires océanographiques. Le fond de couleur représente la variance de la hauteur de la mer (SSH) en unités de m2. Là où elle est élevée la dynamique océanique est très turbulente. © Figure reproduite de Chidichimo et al. (2023).

 

Pour en savoir plus

Retrouver l'actualité sur le site internet de l'Institut national des sciences de l'Univers du CNRS (INSU)